" On peut trouver toutes les raisons du monde d'aller à Marciac : c'est vert, vallonné, à dimension humaine, c'est festif (à distinguer de "la fête", cette obligation de résultat pour les désoeuvrés de l'été !), les gens sont sympas - on y loge d'ailleurs chez l'habitant - et, bien sûr, l'on en revient avec une relique qui ne tarde jamais à être désacralisée : la bouteille d'armagnac millésimée. Mais on peut aussi y aller pour le jazz. Ce qui ressemble de près ou de loin à du talent s'arrête à Marciac. Et y reste. J'ai en mémoire l'image de ce festivalier en sandales, à la mise ample (33° à l'ombre, tout de même !) absorbé par la gaufre qu'il portait à la bouche comme l'avant-veille il approchait les lèvres de sa trompette face à un chapiteau qui lui était conquis d'avance. Et que faisait-il le monsieur en question ? Il était assis, tranquillement, sur la pente herbue derrière les coulisses, écoutant d'une oreille faussement distraite le concert du moment. Wynton Marsalis (il s'agit de lui), jazzman au firmament, hôte régulier de Jazz in Marciac, en flagrant délit de petite faim. Presque comme vous et moi. " | François Lacharme, Editeur du mensuel Jazzman | |